Ma ferme mon monde
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Le Potager France Marcoux

La pénurie de main-d’œuvre frappe sans distinction tous les secteurs, convient l’agricultrice France Marcoux, mais les difficultés de recrutement frappent ­particulièrement les fermes maraîchères biologiques.

La pénurie de main-d’œuvre frappe sans distinction tous les secteurs, convient l’agricultrice France Marcoux, mais les difficultés de recrutement frappent ­particulièrement les fermes maraîchères biologiques.

« Le travail dans les champs est beaucoup plus ardu que dans une ferme conventionnelle. L’absence d’herbicides nous oblige à faire beaucoup de ­désherbage et le sarclage. C’est une tâche ­physique exigeante. Beaucoup de monde se tanne après deux ou trois jours », explique Mme Marcoux, propriétaire du potager du même nom.

Cette ferme appartient à la famille Marcoux depuis 11 générations. Ses origines remontent au milieu du 17e siècle lorsque le Français Pierre Marcoux s’est installé à Beauport. 

Plus de 350 ans plus tard, sur ses installations de cinq hectares à Beauport et à l’île d’Orléans, cette entreprise familiale produit toujours une grande variété de verdurettes et de légumes à l’intention des abonnés à ses paniers bio, des ­marchés publics et de son propre kiosque de vente. 

Une telle production exige l’emploi de 8 à 10 travailleurs, de plus en plus ­difficile à dénicher, admet Mme Marcoux. « C’est laborieux depuis deux ou trois ans. Tout le monde se pose la même question depuis la pandémie : “Où est passé tout le monde ?” », souligne-t-elle. « On parvient à trouver du monde pour les récoltes. Mais pour le sarclage, peu de gens frappent à notre porte. »

Déjà frappée par la hausse des prix des intrants, l’agricultrice ne peut pas se permettre d’offrir des salaires bonifiés sans devoir refiler la facture à sa clientèle, grandement tentée par les légumes conventionnels, moins onéreux.   

Quelques réfugiés cambodgiens, embauchés dès leur arrivée au Québec au milieu des années 1980, ont longtemps mis leur savoir-faire au service de la ferme, jusqu’à leur retraite récente. Leur départ a été comblé par l’embauche de travailleurs mexicains, six mois par année. Mme Marcoux se considère chanceuse de les voir revenir chaque printemps. 

« Nous leur avons construit des maisons mobiles pour qu’ils se sentent chez eux. Au début, il a fallu tout leur enseigner, car ils travaillaient auparavant dans les fraisières. Mais ce fut un bon investissement. C’est rassurant aujourd’hui de les savoir autonomes et de pouvoir compter sur eux », confie Mme Marcoux. 

L’avenir est assez prometteur pour convaincre Laurie, la fille de France Marcoux, à se préparer à poursuivre la tradition familiale. Elle deviendra bientôt la 12e génération de cette longue lignée d’agriculteurs.